Les herbivores au coeur de l’équilibre des écosystèmes terrestres
Depuis au moins l’ère secondaire existe un équilibre, une co-évolution, entre les herbivores et la dynamique de la végétation. L’herbivorie pratiquée d’abord par des dinosaures puis par des mammifères rajeunit en quelque sorte les écosystèmes naturels pour au final créer des mosaïques où coexistent toutes sorte de végétation hautes et basses et constituent alors des lieux d’une incroyable biodiversité. Certaines espèces de grands herbivores se sont éteintes à tout jamais en Europe (Aurochs, Tarpans, Mégacéros, Éléphant antique…) alors que d’autres se sont retrouvées reléguées en latitude (Elan) ou en altitude (chamois, bouquetins) où la pression humaine se fait plus faible.
La domestication de certaines des espèces disparues a compensé en partie cette disparition : bovins, chevaux, moutons, ânes, chèvres ont contribué à façonner des paysages anthropiques permettant de conserver des milieux ouverts en compléments des milieux forestiers plus refermés. Beaucoup de ces élevages traditionnels utilisant des races rustiques ne sont plus rentables. Abandonnés, ces paysages « agropastoraux » s’enfrichent et se boisent : c’est une évolution spontanée mais non naturelle. En effet, l’écosystème a été amputé des diverses espèces d’herbivores sauvages qui ont préexisté à la domestication de quelques-unes d’entre elles.
Les zones humides subissent ces évolutions générales avec plus d’intensité. Les zones humides recouvrent des surfaces très faibles au regard de la biosphère mais remplissent des fonctions écologiques primordiales pour des milliers d’espèces, pour le grand cycle de l’eau, pour le climat, … et pour l’Humanité en général.
Nombre d’entre elles ont été drainées pour des raisons sanitaires et/ou économiques et celles qui subsistent encore sont très souvent soumises à la déprise agricole comme développé ci-dessus. Le Marais Vernier, le plus grand gisement tourbeux de la métropole, n’a pas échappé à ces turpitudes mais les tentatives d’assèchement total et d’agriculture intensive y ont échoué. Les bouleversements hydrauliques ont contribué à un affaissement de la tourbe et les changements climatiques actuels rendent l’élevage traditionnel de plus en plus précaire.
La réserve naturelle des Courtils de Bouquelon, au cœur du Marais Vernier déploie sur ses 78 ha une biodiversité exceptionnelle.

Des Buffles d’eau au marais vernier : pourquoi faire ?
Un pâturage extensif est déjà pratiqué au sein de la réserve naturelle des Courtils de Bouquelon, au cœur du Marais Vernier, avec des chevaux de Camargue, des bovins Highlands et des moutons Shetland. Tous ces animaux font un travail remarquable, que des centaines de visiteurs (grand public, étudiants, élus, structures gestionnaires d’espaces protégés, journalistes, naturalistes de diverses disciplines,….) viennent observer chaque année. Deux problèmes non indépendants limitent cependant les résultats :
- certains secteurs sont très marécageux et le cheptel ne s’y rend pas volontiers,
- ces secteurs, alors peu parcourus, se végétalisent principalement avec des aulnes (Alnus glutinosa) et des joncs (principalement Juncus effusus), espèces peu appréciées des herbivores déjà présents.
Un traitement complémentaire est fait alors par voie de gyrobroyage. Cette situation génère chez les responsables de cette réserve Naturelle la recherche d’une solution qui pourrait être de compléter l’association actuelle d’herbivores avec une espèce plus éco-adaptée aux zones humides : le buffle d’eau.
La présence du Buffle d’eau en tant qu’espèce domestique est très ancienne dans le sud de l’Europe Italie, Grèce, …. Les origines de son arrivée en Europe à partir de souches asiatiques de l’espèce sont à peu près établies.
En dehors de la production d’un lait spécifique à l’origine de produits tout autant spécifiques (Mozarella), le buffle se distingue par une vraie attirance pour les milieux aquatiques, les zones humides, les terres marécageuses dans lesquelles il excelle à se déplacer. Sa rusticité alimentaire est également reconnue et l’ingestion de fourrages grossiers – herbacés ou ligneux – est une de ses caractéristiques les plus reconnues.
Pour ces raisons il est utilisé depuis déjà quelques années dans certains pays (Allemagne par exemple) comme gestionnaire de zones humides à des fins de préservation/restauration de la biodiversité et la France commence aussi à le tester à cette fin (marais de Sacy le Grand, Oise).

Notre projet
Sans pour autant considérer que le Buffle d’eau soit une espèce « miracle » qui va résoudre tous les problèmes de gestion écologique, la consultation de diverses publications, principalement allemandes où le buffle est utilisé depuis une vingtaine d’années montre tout l’intérêt d’incorporer cette espèce avec les espèces plus « classiques » déjà mises en œuvre.
L’association Courtils de Bouquelon se propose de mettre en œuvre assez rapidement un petit cheptel test de buffle afin de valider si cette espèce, dans les conditions spécifiques du Marais Vernier, peut apporter un plus à la conservation de cet écosystème particulièrement emblématique au niveau national, européen (site Natura 2000), mondial (site labellisé au titre de la convention internationale sur les zones humides RAMSAR).
Notre projet consiste à acquérir un petit cheptel (4 unités) composé principalement de jeunes sujets (plus adaptables) mais déjà docilisés par un contact humain dans le cadre d’un élevage laitier en Bretagne. En fonction du suivi et des résultats de ce suivi, le nombre d’animaux pourra évoluer tout en restant compatible avec la pression de pâturage définie par le plan de gestion de la réserve naturelle des Courtils de Bouquelon.
Budget prévisionnel
Le budget ci-dessous détaille les différents postes de dépenses prévisionnelles.
- Visite de différents sites en Bretagne (Morbihan, Côtes d’Armor) : 400 €
- Acquisition de 3 jeunes animaux et d’une bufflonne adulte : 3 500 €
- Transport camion des animaux par transporteur agréé : 750 €
- Visite d’achat par vétérinaire sanitaire (obligatoire) : 250 €
- Frais divers communication, petit matériel d’élevage (auges), renforcement de clôtures : 350 €
- TOTAL = 5 250 €
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Qui sommes nous ?

La Réserve Naturelle des Courtils de Bouquelon est une initiative privée issue de naturalistes, docteurs en écologie, qui ont consacré leur vie et leurs moyens à préserver cet espace dont les premières parcelles ont été acquises dès 1979. Une association a été créée en 1991 afin de disposer d’un support administratif, financier, technique pour assurer la gestion des parcelles préservées.