Cette liste rouge concerne les orthoptères (= criquets, grillons et sauterelles), les mantes et les phasmes présents sur le territoire normand.
Initiée par l’ANBDD, la réalisation de la liste rouge a été confiée à deux structures régionales expertes : le Groupe d’Etude des Invertébrés Armoricains (GRETIA) et le Conservatoire d’Espaces Naturels de Normandie (CEN Normandie).
Des dizaines de milliers de données analysées
Pour cette étude, près de 60 000 observations couvrant les cinq départements normands – et transmises par une trentaine de structures différentes – ont été recueillies et analysées et près de 20 500 données couvrant la période 2011-2020 ont été retenues et passées au crible de la méthodologie UICN.
Des menaces qui pèsent sur près de 19 % des espèces étudiées
69 espèces ont été étudiées dont 67 orthoptères, 1 mante et 1 phasme. Parmi elles, cinq espèces entrent dans la catégorie ”Non Applicable (NA)” et n’ont donc pas été évaluées. Soit car il s’agit d’espèces suspectées d’introduction (Tylopsis lilifolia), soit de migratrices exceptionnelles (Locusta migratoria), soit d’espèces observées à une seule reprise et par un unique individu et donc sans preuve d’appartenance à la faune normande (Uromenus rugosicollis, Cyrtaspis scutata), soit enfin, d’une espèce cosmopolite anthropophile (Acheta domestica).
L’évaluation pour cette liste rouge porte donc sur 64 espèces. La part des espèces menacées d’orthoptères, mantes et phasmes en Normandie s’élève à 18,8 %. Part à laquelle il convient d’ajouter 10,9 % d’espèces quasi-menacées (NT) et 9,4 % d’espèces au statut de menace indéterminé en raison d’une insuffisance de données (DD).
À ce jour, 3 espèces d’orthoptères sont présumées disparues (RE) en Normandie (soit 4,7% des espèces de la région.)
Les menaces qui pèsent sur ces espèces découlent de plusieurs facteurs
- L’influence des changements climatiques sur les criquets, grillons, sauterelles, mantes et phasmes se fait sentir. La plupart des espèces d’affinité méridionale sont en expansion vers le nord. D’autres d’affinité continentale enregistrent une progression d’est en ouest ;
- La destruction des zones humides au cours des dernières décennies. Elle est aujourd’hui associée à des étés caniculaires qui provoquent localement des abaissements de nappes alluviales délétères pour certains orthoptères. Si les prairies humides sont directement concernées, les faciès de lisières fraîches intra-forestières sont également particulièrement sensibles à ces aléas climatiques ;
- Sur les coteaux calcicoles, la présence de riches cortèges d’orthoptères est liée à celles d’une mosaïque d’habitats d’éboulis, de pelouses écorchées, d’ourlets ouverts à piquetés. il est souvent délicat de mettre en œuvre une gestion conservatoire permettant de garantir la conservation des peuplements d’orthoptères parmi les plus menacés (éviter le développement de fruticées tout en garantissant le maintien d’arbustes isolés ; adaptation des pressions de pâturage pour garder un milieu ouvert, à la végétation herbacée rase, tout en conservant des faciès d’ourlets fermés ;
- La raréfaction et la fragmentation de certains milieux, telles que les landes et escarpements rocheux siliceux ouverts, a fortement fragilisé certaines populations d’orthoptères aujourd’hui menacées. C’est principalement le cas pour des espèces à faible capacité de déplacement, par ailleurs strictement associées à ces habitats.