20 mai 2021

[Retour sur l’atelier technique] L’arbre en ville

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Proposé sous forme de webinaire, cet atelier technique de l’ANBDD a réuni le 16 avril 2021 une vingtaine de collectivités normandes sur la thématique de l’arbre en ville.
Pour être au cœur des politiques publiques en faveur de la biodiversité, le patrimoine arboré doit bénéficier d’outils pour permettre des stratégies de protection et de gestion efficaces.


Après une évocation des services offerts par les arbres en ville, une première intervention a présenté un nouvel outil “le barème de l’arbre”, qui permet d’évaluer la valeur d’un arbre et de fournir des indicateurs pour organiser sa gestion et orienter sa protection.
Deux retours d’expériences de collectivités normandes ont ensuite témoigné de politiques exemplaires en matière de gestion durable du patrimoine arboré, permettant de concilier les différents enjeux liés à la présence de l’arbre en milieu urbain.
Les questions/réponses durant l’atelier ont permis des échanges riches et intéressants entre tous les participants, sur la gestion du patrimoine arboré, les micro-forêts urbaines ou encore sur les vergers collectifs.
(Webinaire organisé avec la participation de Plante et Cité, la Ville d’Evreux et la Ville de Mont-Saint-Aignan)

Sommaire

Les interventions

Pour aller plus loin

Les services rendus par les arbres en milieu urbain

Les services rendus par l’arbre en ville, par Alice Meyer-Grandbastien, Chargée de mission économie et management – Plante et cité
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L’arbre fournit de nombreux services écosystémiques, et permet d’atténuer les impacts négatifs de l’urbanisation croissante. Les bienfaits générés par les arbres en ville peuvent se classer d’après les trois piliers du développement durable : environnementaux, économiques et sociaux.

Les services environnementaux concernent la régulation thermique et la lutte contre les îlots de chaleur ; la production d’oxygène et l’absorption de la pollution de l’air ; la gestion des eaux pluviales et la qualité des eaux souterraines ; le maintien de la biodiversité puisque l’arbre et son environnement sont accueil et refuge pour de multiples espèces, etc.
La végétation en ville présente aussi de nombreux bénéfices pour la santé des citadins. Elle permet de réduire les maladies respiratoires liées à la pollution de l’air, de diminuer le stress, en participant au bien-être des habitants, au lien social et amical, etc.
Les services économiques quant à eux touchent par exemple aux bénéfices liés à la valorisation foncière, à la diminution des frais de chauffage et rafraîchissement d’un bâtiment, etc.

Néanmoins, les arbres en ville peuvent avoir aussi des inconvénients, tant au niveau de la santé (allergies), des voiries (dommages sur les enrobés, etc.), que sur la sécurité des biens et des personnes. Certaines de ces gênes peuvent souvent être évitées par une bonne gestion en amont, en adaptant l’arbre au lieu et à son usage.

Le Barème de l’arbre, un nouvel outil pour évaluer leur valeur et renforcer leur prise en compte

L’outil Le Barème de l’arbre, par Alice Meyer-Grandbastien, Chargée de mission économie et management – Plante et cité
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Le barème de l’arbre est un nouvel outil pour aider les collectivités, les bureaux d’étude, les professionnels du paysage, mais aussi les experts judiciaires et les assureurs à évaluer monétairement un arbre. Sorti en septembre 2020, il permet d’évaluer la valeur d’un arbre et de fournir des indicateurs pour organiser sa protection et sa gestion. Il est issu d’un travail collectif de plusieurs années de Plante et Cité, Copalme et du CAUE de Seine-et-Marne, avec le soutien financier et technique de ValHor et Sequoia.

Son objectif est de devenir un référentiel d’envergure nationale, dans le but d’objectiver la valeur de l’arbre pour le protéger.

Deux volets permettent d’atteindre ce but. Le premier volet, VIE Valeur Intégrale Évaluée de l’arbre, permet d’apprécier la valeur de l’arbre, sur la base d’une formule mathématique reprenant de nombreux indices à renseigner pour chaque arbre. Le deuxième volet, BED Barème d’Évaluation des Dégâts causés à l’arbre, permet de quantifier le préjudice subi par un arbre en évaluant quatre catégories de dégâts, à l’arbre entier, au houppier, au tronc et aux racines.

Echanges durant l’atelier sur le barème de l’arbre
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Les outils Barème de l’arbre et Sésame sont différents. Le Barème de l’arbre s’intéresse aux arbres existants et à en déterminer la valeur, Sésame s’intéresse plutôt aux choix d’essences à privilégier en fonction des services recherchés.

Le Barème de l’arbre :

  • Le choix des critères et indices s’est fait en concertation avec la communauté des utilisateurs.
  • Lancé très récemment, le Barème de l’arbre n’a qu’une valeur scientifique et technique. L’une des perspectives est justement qu’il puisse avoir une valeur juridique – pour des indemnisations à la suite de dégradations – à travers son approbation et son utilisation élargie.
  • Les indices Relation au site et Caractère remarquable peuvent-ils être sujets à la subjectivité ? Les indices sont accompagnés d’une notice qui permet d’expliquer les champs à renseigner de façon la plus complète possible, ce qui laisse peu de place à la subjectivité.
  • Le Barème a un intérêt évident notamment dans les préconisations des documents d’urbanisme. Pouvoir donner une valeur à un arbre permettra de se prémunir d’un dommage potentiel.
  • Le Barème intègre la notion d’indigénat.
  • L’utilisation du Barème de l’arbre est gratuite.

Deux retours d’expériences sur la gestion du patrimoine arboré dans des collectivités normandes

Evreux. Vers une gestion intégrée du patrimoine arboré, par Olivier Bourhis, Directeur des paysages, de la nature et des espaces verts – Ville d’Evreux
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Six étapes sont identifiées pour gérer le patrimoine arboré de la commune : phase d’inventaire, diagnostic sanitaire, cartographie et informations dans le SIG ; attribution d’un code correspondant au type de gestion appliquée (de la gestion la plus pointue à la gestion la plus libre) pour mettre en place une gestion différenciée du patrimoine arboré ; engagement vers un plan de renouvellement dynamique ; suivi des travaux et plantations ; intégration dans les documents réglementaires et de planification ; mise en place de temps et actions de concertation, communication et pédagogie auprès des habitants. La dimension écologique est prise en compte de façon globale.

Mont-Saint-Aignan. L’arbre en ville : la gestion d’un patrimoine vivant, par Alexandre Feron, Chargé d’études techniques en espaces verts et environnement – Ville de Mont-Saint-Aignan
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La Ville de Mont-Saint-Aignan présente son retour d’expérience en matière de gestion de l’arbre urbain.
L’inventaire réalisé sur le terrain est précis, chaque site identifié et renseigné, puis saisi dans une base de données. La gestion différenciée se fait avec trois niveaux d’entretien. Le port libre est privilégié , la taille est effectuée si nécessaire selon la typologie des arbres (d’alignement, en bosquet, isolés). La taille peut être légère, d’entretien, restructurante, en rideau, topiaire, selon les besoins.
En plus de la gestion, de nombreuses actions de communication et de sensibilisation sont menées dans les media municipaux, les relations avec les habitants privilégiées pour faire comprendre les choix, inciter à la sauvegarde des arbres remarquables.

Echanges durant l’atelier autour de la gestion du patrimoine arboré
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  • L’inventaire des arbres est un étape indispensable. Il peut être réalisé en régie, par un bureau d’étude ou avec l’aide d’étudiants en filière naturaliste.
  • Les essences plantées dans un plan de renouvellement sont choisies en fonction des orientations souhaitées (ombrage, persistance, agrément fleuri, etc.)
  • Le suivi des plantations est important, que ce soient des plantations réalisées en interne ou effectuées par des porteurs de projet privés. Il est important de vérifier sur le long terme que les préconisations premières soient suivies.
  • Il peut être intéressant d’indiquer dans le cahier des charges les précautions à prendre durant les travaux d’entretien et d’élagage.
  • Les arbres et leurs systèmes racinaires doivent cohabiter avec divers autres aménagements urbains. Avec les réseaux souterrains, on peut expérimenter les barrières anti-racines, au cas par cas, en concertation avec les concessionnaires des différents réseaux. De même, des réflexions émergent concernant les pistes cyclables.
  • Dorénavant, le choix des espèces doit être pensé dans le contexte actuel de changement climatique, avec des villes confrontées à des problèmes de sècheresse, tempêtes, etc.
  • La sensibilisation et la communication sont nécessaires pour que les habitants, les élus, les services puissent avoir une meilleure connaissance des enjeux et s’approprier les choix et orientations de gestion. Présenter un argumentaire clair, expliquer les choix auprès des concitoyens, combattre les idées reçues sur la taille, faire comprendre, c’est indispensable !

Pour aller plus loin

Merci aux intervenants pour la qualité de leurs interventions et à tous pour la richesse des débats. À très bientôt !

Contacts à l’Agence

Guillaume Salagnac
Guillaume Salagnac
Mobilisation des collectivités – Territoires engagés pour la Nature
06 40 73 96 54
Sophie Lecuit
Sophie Lecuit
Chargée de veille – Biodiversité
02 35 15 78 11
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