12 juillet 2021

[Retour sur l’atelier technique] Espèces exotiques envahissantes : De quoi parle t-on ? Comment intervenir ?

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Proposé sous forme de webinaire, cet atelier technique de l’ANBDD a réuni le 2 juin 2021 une quarantaine d’acteurs normands (élus, agents techniques, associations, étudiants) pour mieux comprendre la problématique des espèces exotiques envahissantes, prévenir l’introduction de nouvelles espèces et valoriser des expériences et pratiques, pour aider à gérer les espèces présentes sur les territoires.


Cet atelier était organisé dans le cadre de la Stratégie régionale relative aux espèces exotiques envahissantes de Normandie animé par le Conservatoire d’espaces naturels de Normandie.


Quatre intervenants se sont succédé pour évoquer la problématique et certaines solutions mises en pratique, et des questions / réponses ont permis des échanges fructueux entre participants.

Le programme de l’atelier technique/webinaire Espèces exotiques envahissantes
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Les espèces exotiques envahissantes : Qu’est-ce-que c’est ?
Charlotte Bouin, Conservatoire d’Espaces Naturels de Normandie

Présentation de la Brigade espèces invasives et de ses missions
Charlotte Bouin, Conservatoire d’Espaces Naturels de Normandie

Retour d’expérience de lutte contre les Renouées asiatiques
Arnaud Morazin, Conseil départemental de la Manche

Rappel de la réglementation et focus sur la faune exotique
Florent Clet, DREAL Normandie

L’ambroisie, une espèce à enjeu sanitaire à surveiller
Déborah Eudes, FREDON Normandie

Les EEE, espèces exotiques envahissantes, sont considérées comme l’une des cinq causes majeures de l’érosion de la biodiversité. Si toutes les espèces introduites, volontairement ou non, ne posent pas de problèmes, celles qui sont considérées comme EEE bouleversent le milieu naturel qu’elles transforment et fragilisent les espèces autochtones. Elles ont aussi de lourds impacts au niveau sanitaire (allergies, maladies, etc.) et au niveau économique (pertes agricoles, diminution de l’attrait touristique d’un territoire, etc.).

La réglementation concernant les espèces exotiques envahissantes est assez récente. La réglementation actuelle fixe les niveaux d’interdiction (interdiction d’introduction dans le milieu naturel, interdiction d’introduction sur le territoire national), les listes des espèces concernées, tant au niveau de la faune que de la flore, et réglemente également les opérations de lutte.

En Normandie un programme d’actions (PREEE) est en place depuis plusieurs années. D’abord adoptée en ex-Basse Normandie dès 2013, la stratégie relative aux EEE 2018-2022 couvre dorénavant les cinq départements normands. Décliné en 69 actions, le programme prévoit par exemple l’amélioration de la connaissance, la circulation des bonnes pratiques et des retours d’expériences, la mise à disposition d’une brigade d’intervention, des opérations de sensibilisation et de communication, etc.

L’une des actions mises en place est la Brigade Espèces exotiques envahissantes, qui fait partie du PREEE Normandie depuis 2015. Elle intervient de mai à octobre sur le terrain, pour éradiquer, arracher, contrôler. Composée de deux équipes de 2-3 personnes chacune mises à disposition des partenaires, la brigade fait également de la prospection pour surveiller les espèces en émergence, tester de nouvelles techniques, communiquer, accompagner et former les agents techniques et les gestionnaires pour qu’ils deviennent autonomes, etc.

Le retour d’expériences du service Routes du Conseil départemental de la Manche a permis de montrer que la lutte contre les espèces végétales exotiques envahissantes est surtout une lutte pour freiner les invasions. Elle passe par beaucoup d’expérimentations pour tester des équipements ou des méthodes (par exemple fauche répétée, bâchage non-opaque, injection d’eau brûlante dans les rhizomes, pâturage, arrachage manuel, broyage/concassage, concurrence d’espèces par clématite ou ronce, valorisation des rhizomes, gestion des terres contaminées, etc.), de la pédagogie, une méthodologie rigoureuse sur le terrain. Certains résultats sont encourageants, d’autres moins, certains coûteux.

Enfin, un focus a été fait sur l’ambroisie, espèce végétale qui n’est pas encore problématique en Normandie, mais bien une espèce à surveiller. Issue d’Amérique du Nord, elle est classée dans les EEE, et présente des risques pour la santé humaine. Le pollen de l’ambroisie est allergisant, il est classé dans la catégorie “potentiel allergisant fort” par le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Actuellement, la région la plus touchée est l’Auvergne-Rhône-Alpes, où elle pose un fort problème de santé publique, avec des impacts économiques importants , des conséquences agricoles, environnementales, sociétales, touristiques, etc.

Il s’est dit aussi durant les échanges…
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Gérer

  • Bien connaître les voies d’introduction des espèces exotiques envahissantes permet d’être conscient, vigilant et réactif pour limiter, en amont, leur dispersion.
  • Il est important de détecter les foyers-sources des EEE.
  • Les moyens de dissémination des EEE sont variables, et la prolifération augmente notamment à cause de la mécanisation de l’agriculture et des travaux d’urbanisation et d’entretien routier.
  • Lutter contre les EEE, c’est mettre en place des actions de gestion diverses selon les espèces et les objectifs (éradication, contrôle de la population, contrôle de la dispersion, etc.). Pour la végétation, c’est par exemple de l’arrachage manuel ou mécanique, du faucardage, etc. Pour la faune,c’est par exemple du piégeage, etc.
  • Il faut travailler sur le long terme pour avoir des résultats satisfaisants.
  • Pour les espèces végétales, les interventions nécessitent une méthode stricte, pour ne pas oublier de brin, les repasses sont nécessaires souvent pour ne pas oublier de pieds et suivre la saisonnalité des espèces.
  • Les interventions se terminent toujours par un lavage minutieux des outils et des équipements.
  • Il est important de bien contrôler les terres issues de travaux et chantiers.
  • Des études et expérimentations sont en cours pour gérer et valoriser les déchets issus des espèces exotiques envahissantes.
  • Si on opte pour la solution du pâturage, l’idéal est de le mettre en place très tôt dans la saison, début mars.
  • Pour l’ambroisie, il faut être très vigilant et par exemple observer les levées de semences d’ambroisie au pied des mangeoires d’oiseaux (l’ambroisie adore se disperser dans les champs de tournesol, dont les graines entrent dans la composition de boules à graines).

Communiquer

  • La communication est un des axes importants pour lutter contre les EEE, notamment pour mieux faire connaître les enjeux auprès des jardineries ou lors de trocs plantes, pour faire passer le message (non, ce n’est pas du travail mal fait) aux agents en charge de l’entretien et aux citoyens, expliquer les travaux et expérimentations, etc

Merci aux intervenants pour la qualité de leurs interventions et à tous pour la richesse des débats. À très bientôt !

Pour aller plus loin, une fiche-ressources sur les espèces exotiques envahissantes

Cette fiche-ressources propose des pistes biblio-webographiques pour mieux connaître les espèces exotiques envahissantes et les gérer sur son territoire, ainsi que toutes les adresses utiles en Normandie.

Elle fait partie d’une collection Collectivités et Biodiversité.

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Jeune pousse de renouée asiatique

Contacts à l’Agence

Tiphaine Nogues
Tiphaine Nogues
Stratégies et programmes régionaux – Réseau Trame Verte et Bleue
06 40 73 98 27
Sophie Lecuit
Sophie Lecuit
Chargée de veille – Biodiversité
02 35 15 78 11
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