La flore correspond à l’ensemble des espèces végétales présentes dans un territoire donné. Dans cette page, nous parlerons de la flore de Normandie. Les plantes vasculaires forment un vaste groupe de végétaux comprenant, entre autre, les plantes à fleurs, les conifères et les fougères. Toutes ces plantes présentent la caractéristique commune de posséder des tissus conducteurs permettant de faire circuler la sève.
Nombre d’espèces et spécificités régionales
1 406 espèces constituent la flore locale dite « originelle » de notre région. Elles étaient présentes en Normandie avant l’apparition des grands échanges internationaux d’espèces entre les continents. On parle alors d’espèces indigènes.
Comparée à ses régions voisines, la flore normande indigène est riche. Ceci peut s’expliquer par plusieurs facteurs :
Avec une forte influence du climat océanique, la Normandie possède une flore typique de la zone atlantique caractérisée, par exemple, par la présence d’espèces comme la Jacinthe des bois. Toutefois, certains territoires sont plus frais et très humides comme dans le Cotentin ou le Mortanais. Ces secteurs sont favorables au développement d’espèces et de milieux très particuliers comme, par exemple, les tourbières. D’autres, comme la Vallée de Seine ou de l’Avre, sont beaucoup plus secs et chauds. Ils permettent l’installation d’espèces méridionales comme l’astragale de Montpellier, par exemple
La Normandie présente également un contraste géologique très marqué entre le bassin parisien (sol calcaire) et le massif armoricain (sol siliceux). C’est d’ailleurs ce qui confère à la flore de la région sa plus grande source de diversité. En effet, certaines espèces présentes sur un secteur seront totalement absentes de l’autre. Exemple : l’aubépine à deux styles est présente en secteur calcaire et l’ajonc de LeGall est typique du massif armoricain (landes du Cotentin).
La diversité des paysage est également une importante source de diversité pour la flore Normande. Les régions littorales en sont le meilleur exemple avec les estuaires (havres et baies), les falaises (crayeuses, marneuses, siliceuses), les dunes et marais arrières littoraux.
Cette grande diversité conduit à des spécificités départementales
Les inventaires réalisés par le Conservatoire Botanique National de Brest et le Conservatoire Botanique National Bailleul ont mis en lumière les éléments suivants:
- 47 espèces ne sont présentes que dans le département de la Manche. Ceci s’explique, d’une part, grâce à sa grande diversité de milieux (marais tourbeux, massifs dunaires, littoral rocheux, landes) et, d’autre part, au maintien d’importants espaces naturels moins artificialisés qu’ailleurs en Normandie;
- Avec 36 espèces spécifiques, le département de l’Eure contribue également fortement à la richesse floristique régionale;
- Le Calvados est le département normand qui présente le plus grand nombre d’espèces avec 1193 espèces. Ceci notamment en raison de son positionnement, en partie sur le massif armoricain et sur le bassin parisien, mais aussi grâce à une grande diversité paysagère. Il n’a en revanche que très peu d’espèces spécifiques sur son territoire. A noter également que, malgré sa grande diversité de milieux, ces derniers sont souvent restreints et dégradés. En effet, le Calvados est un des départements français ayant le taux d’urbanisation le plus élevé (10 %);
- Avec 1107 espèces, la Seine-Maritime apparait comme le département le moins riche des cinq départements. Ceci s’explique, entre autre, par la présence importante de grands secteurs de plateaux cultivés. Elle apporte néanmoins 12 espèces exceptionnelles et uniques pour la Région;
- L’Orne apporte également 12 espèces spécifiques, dont plusieurs sont typiques des zones humides, car les milieux de ce département ont conservé une importante naturalité, en ce sens qu’ils ont conservé un caractère sauvage;
Dans la majorité des cas, ces espèces se sont acclimatées et se développent sans causer de dommage dans les milieux naturels locaux. Pour 10% d’entre elles, ces espèces font maintenant partie de la flore familière des normands. Il s’agit par exemple de l’érable sycomore, de la véronique de perse ou bien encore de la queue de lièvre qu’on trouve sur notre littoral.
Parmi ces espèces introduites, certaines vont se développer de façon très dynamique et vont être à l’origine de certains déséquilibres tout particulièrement dans les milieux aquatiques. On parle alors dans ce cas d’Espèces Exotiques Envahissantes (EEE).
Une EEE est une espèce introduite par l’homme en dehors de son aire de répartition naturelle (volontairement ou fortuitement) et dont l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences négatives qui peuvent être écologiques, économiques et sanitaires (Définition de l’UICN).
La prolifération de ces espèces résulte de plusieurs facteurs : d’une part, leur importante capacité de reproduction, la présence de milieux naturels dégradés sur lesquels elles vont pouvoir se développer rapidement et, enfin, l’absence, dans la région, de facteurs de limitation de leur développement par des prédateurs, des parasites ou par concurrence.
Il est important de noter que toute les espèces non-indigènes ne sont pas destinées à devenir des EEE. Il est estimé que sur 1000 espèces introduites seulement une est susceptible de présenter un caractère envahissant (Williamson & Fitter ,1996).
En Normandie, les conservatoires botaniques nationaux de Bailleul et de Brest ont publié, en 2019, avec un réseau de partenaires, une première liste des plantes exotiques envahissantes présentes en Normandie.
Ainsi, à ce jour, 17 espèces végétales sont considérées comme envahissantes en Normandie et 81 sont des espèces devant être surveillées car elles présentent actuellement une tendance à développer un caractère envahissant.
Il s’agit par exemple de la Berce du Caucase, de la Jussie à grandes fleurs ou de la Crassule de Helms.
Dans la région, le Conservatoire d’Espaces Naturels de Normandie anime le Programme Régional d’actions relatif aux EEE. Ce programme mobilise un réseau d’acteurs autour d’une stratégie régionale de lutte contre ces EEE.
Des espèces rares et menacées au niveau national en Normandie
de la flore régionale fait partie de la flore menacée au niveau national.
En 2018, un important travail a été mené, au niveau national, par l’ensemble des conservatoires botaniques nationaux pour définir le degré de menace qui pèse sur les espèces végétales. Cette analyse a conduit à la publication d’une liste rouge nationale de la flore menacée dans laquelle on apprend que 742 espèces présentent un degré fort de menace à l’échelle nationale et parmi elles, 49 sont présentes en Normandie.
La présence de ces 49 espèces donne à la Normandie un rôle important dans la conservation de la flore nationale. D’autant que les espèces menacées au niveau français sont présentes dans la quasi-totalité des types de milieux normands : les milieux humides, calcicoles (pelouses, éboulis), littoraux, cultivés, etc.
Exemple : rossolis à feuilles longues ; renouée de ray ; gentiane amère ; nigelle des champs.
Certains secteurs normands constituent des espaces prioritaires en terme de conservation de la flore nationale, il s’agit : des marais du Cotentin, des landes de Lessay, de la vallée de la Seine, de la Dives, le Perche ornais, le Pays de Bray et le littoral normand.
La Normandie est la seule région de plaine de France métropolitaine à présenter 4 espèces dont l’aire de répartition est strictement limitée à son territoire. Cette situation s’explique par le fait que la Normandie a conservé des témoins des climats très froids auxquels elle a été soumise lors des dernières périodes de glaciation.
Ainsi, certaines espèces, spécifiques d’habitats particuliers, témoignent de ces climats anciens. C’est le cas de 3 espèces endémiques : la violette de Rouen, la biscutelle de Neustrie et l’ibéris intermédiaire. Ces espèces ne sont présentes que dans 10 communes de la vallée de la Seine.
La 4e espèce est le séneçon blanchâtre qui est une espèce littorale qui va ne se retrouver qu’au niveau des falaises crayeuses du Bessin et du Pays de Caux.
Bilan
Cette analyse, réalisée à l’échelle régionale par les deux Conservatoires Botaniques Nationaux de Brest et de Bailleul permet de montrer que la Normandie, malgré sa faible superficie, présente une richesse spécifique honorable et particulièrement originale comparée aux régions voisines. Ceci en raison, à la fois, de la diversité de ses habitats et des conditions climatiques variées du territoire.
Certains secteurs se détachent et présentent de forts enjeux de conservation. On peut citer la vallée de la Seine et de l‘Eure, le littoral de la côte ouest de la Manche, les marais du Cotentin et du Bessin, le Perche Ornais, la vallée de l’Orne qui ont une importance suprarégionale compte tenu des espèces qui y sont présentes.
Attention toutefois à l’interprétation qui est faite de ces chiffres. En effet, ces analyses sont le reflet de la connaissance à un instant t. Le nombre de données analysées et leur répartition mettent en évidence des secteurs moins prospectés que d’autres. Ainsi, malgré les 1 308 074 données présentes dans les bases de données des CBN qui ont été à la source de ces travaux, il existe des inégalités selon les secteurs.
Il faut ici remercier fortement l’implication des botanistes bénévoles notamment ceux du réseau du CBN de Brest qui contribuent dans de nombreux secteurs à maintenir un très bon niveau de connaissance : citons tout particulièrement ici l’association Faune Flore de l’Orne qui se mobilise très fortement sur l’inventaire de la flore du département.
Ainsi, pour connaitre l’état de conservation de la flore à l’échelle de notre région, les efforts doivent se poursuivre, notamment en terme d’acquisition des connaissances. Il est également nécessaire de travailler à la définition du nombre d’espèces menacées et d’espèces disparition en Normandie.
Pour en savoir plus, téléchargez la fiche complète de notre collection l’état des lieux des connaissances naturalistes régionales consacrée à la flore vasculaire