Probabilité de présence des zones humides en Normandie et évolution de l’état de sites humides emblématiques normands

Probabilité de présence des zones humides en Normandie et évolution de l’état de sites humides emblématiques normands

Les zones humides sont des milieux naturels ou artificiels où l’eau est présente de façon permanente ou temporaire. Ces milieux jouent un rôle clé pour la biodiversité en offrant des habitats essentiels à de nombreuses espèces végétales et animales. Ils jouent également un rôle important de filtration de l’eau et contribuent à la régulation climatique (stockage de carbone) ainsi qu’à la protection contre les inondations. Leur préservation et leur conservation sont donc cruciales pour l’équilibre des écosystèmes.

Chiffres clés en Normandie

  • La Normandie est la 10e région métropolitaine (sur 13) ayant le plus de zones probablement humides rapportées à sa surface.
5 600 km²

de zones probablement humides en Normandie (zones littorales et d’estran inclues), soit 19 % de son territoire, contre 27 % en moyenne sur le territoire métropolitain.

7,9 %

des zones probablement humides de Normandie sont urbanisées (surfaces imperméables). Sur le littoral, 19 % des zones probablement humides sont urbanisées !

Prairies humides et fossé à butome en ombelles

Définitions

Milieu humide : un milieu humide est une portion du territoire, naturelle ou artificielle, caractérisée par la présence de l’eau. Un milieu humide peut être ou avoir été en eau, inondé ou gorgé d’eau de façon permanente ou temporaire.

Sources : SANDRE
Dictionnaire des données – Description des milieux humides (disponible ici) et Scénario d’échanges de données – Acquisition des données d’inventaire de milieu humide (disponible ici
).

Zone humide (loi sur l’eau) : selon l’article L.211-1 du code de l’environnement, I. – 1° […], on entend par zone humide les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ; […] La présence d’au moins une des 3 caractéristiques (botanique, pédologique, hydrogéomorphologique) est nécessaire pour que le milieu soit considéré comme un milieu humide.

Milieu humide probable : Ce sont des emprises géographiques issues d’une phase de pré-localisation dans une zone d’étude. Ce sont des enveloppes à l’intérieur desquelles la présence de milieux humides est la plus probable. Ils sont délimités en utilisant diverses méthodes de pré-localisation et leur caractère humide est généralement vérifié lors d’une phase de terrain.

Quelques milieux humides typiques normands
Pré salés / Récifs d’hermelles / Platiers rocheux / Zostères intertidales / Tourbières / Pannes dunaires / …
Réserve naturelle de la Mare de Vauville (50)

Probabilité de présence des zones humides en Normandie

Cartographie de la probabilité de présence seuillée des zones humides et recouvrement par les surfaces en eau et urbanisées en Normandie

En Normandie, les zones probablement humides sont plus nombreuses dans la Manche, l’Orne et le Calvados que dans la Seine-Maritime et l’Eure. Cela s’explique en grande partie par la différence de géologie entre ces deux zones. La Normandie occidentale appartient essentiellement au Massif Armoricain, granitique et schisteux, tandis que la Normandie orientale est la partie nord-ouest du Bassin parisien, majoritairement calcaire.

Concernant les zones probablement humides urbanisées (surfaces imperméables), elles couvrent ici 7,9 % des zones humides normandes. 19 % des zones probablement humides littorales (toutes les données côté mer + une bande de 500 m côté terrestre à partir de la limite terre-mer (Shom– IGN – OFB et DGALN/DEB)) sont urbanisées. En France métropolitaine, 7,6 % des milieux potentiellement humides sont urbanisés.

Avec 19 %, soit 5 600 km², du territoire normand couvert par une zone probablement humide, la Normandie se situe sous la moyenne de France métropolitaine (27 %). Les disparités continuent au sein même de la Normandie, avec un pourcentage bien plus élevé de territoire couvert par une zone probablement humide dans l’Orne (25 %) et la Manche (24 %) que dans le reste du territoire. Viennent ensuite le Calvados avec 17 % du département couvert par une zone probablement humide, l’Eure avec 14 %, et enfin la Seine-Maritime avec 10 %.

Pourcentage du territoire couvert par une zone probablement humide par département normand

Évolution de l’état des sites humides emblématiques normands

Depuis 1990, tous les 10 ans, le service statistique du ministère en charge de l’environnement procède à une évaluation de l’état et de l’évolution d’un échantillon de sites humides emblématiques métropolitains et ultramarins. Cette évaluation décennale permet ainsi de caractériser les pressions exercées sur ces espaces menacés de disparition, de dresser un panorama de l’état et de l’évolution des sites humides emblématiques et de mettre en lumière les défis à relever pour les sauvegarder. Parmi les sites évalués, six sont en Normandie :
Baie des Veys / Baie du Mont-Saint-Michel / Estuaire de la Seine / Havre de Régneville / La Touques / Marais du Cotentin et du Bessin

Source : Ministère de la transition écologique – Service des données et études statistiques, « Quelle évolution des sites humides emblématiques entre 2010 et 2020 ? » décembre 2020.

Limites :
Ces sites sont un échantillon des sites humides de Normandie, mais ne représentent évidemment pas toute la région. Les données utilisées sont récoltées à partir d’une enquête. Elles sont donc déclaratives, c’est-à-dire laissées à l’appréciation du panel présélectionné, du taux de participation à l’enquête, de la typologie des répondants et de l’appréciation personnelle de chaque personne sondée.
Estuaire de la Seine au niveau du Pont de Normandie.

Évolution de l’état des sites humides emblématiques normands issue de l’Évaluation nationale des sites humides emblématiques (2010-2020)

Milieux d’eau douce (6)
Milieux salés (6)

Sur les six sites emblématiques normands, tous ont à la fois des milieux humides doux (d’eau douce) et des milieux humides salés. Entre 2010 et 2020, concernant l’état des milieux doux, deux sites sont stables d’après la perception qu’en ont les référents ayant répondu (baie du Mont-Saint-Michel et estuaire de la Seine, considérés en bon état en 2020), un est en amélioration (marais du Cotentin et du Bessin, considéré en très bon état en 2020), et les autres sites sont « non renseignés ».
Pour les milieux salés, un site est en dégradation (estuaire de la Seine, considéré en mauvais état en 2020), deux sont stables (baie des Veys et baie du Mont-Saint-Michel, considérés en bon état en 2020), et les trois autres sites sont « non renseignés ».

Ces données sont cependant à prendre uniquement pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des réponses à une enquête. On peut par exemple mettre en balance le fait que les sites de l’estuaire de la Seine et de la baie du Mont-Saint-Michel sont déclarés en bon état par les référents de cette enquête, alors que leur état écologique est mesuré comme moyen d’après l’état des lieux 2019 du comité de bassin Seine-Normandie.

Pour comparaison, 152 sites ont été évalués au niveau national, dont :

  • 41 % en dégradation (63 sites) ;
  • 48 % en stabilité (73 sites) ;
  • 11 % en amélioration (16 sites).

Pour en savoir plus, téléchargez la fiche complète de notre collection l’état des lieux des connaissances naturalistes régionales « Probabilité de présence des zones humides en Normandie et évolution de l’état de sites humides emblématiques normands « 

Pour plus d’informations

Iuna Thomas
Iuna Thomas
Chargée de mission scientifique – Analyse et traitement de données
02 35 15 78 19