Des haies denses et cohérentes (c’est-à-dire avec de nombreuses intersections) sont une composante essentielle de ce que l’on nomme la Trame Verte et Bleue (TVB). En effet, les haies sont à la fois des corridors écologiques permettant à la faune et la flore de se déplacer entre les différents milieux qui les entourent (forêts, prairies, cours d’eau, mares, parcs urbains, etc.) et des réservoirs de biodiversité où elles peuvent s’abriter et trouver de nombreuses ressources alimentaires. Les haies abritent une faune et une flore non spécifiques au bocage et bénéficient à la fois d’espèces forestières, prairiales et parfois d’espèces aquatiques ou de milieux humides s’il y a une mare à proximité par exemple.
Chiffres clés en Normandie :
- Linéaire de haies en Normandie : 170 900 km
- Indice de cohérence : 40%
- La Manche est le 1er département de Normandie en matière de cohérence des haies avec 48%
Indice de cohérence des haies en Normandie
L’indice de cohérence, exprimé en pourcentage, est un indicateur de connectivité, complémentaire à la densité, qui se base sur le nombre de nœuds (points d’intersection entre plusieurs haies) et le nombre d’extrémités libres (extrémité d’une haie aboutissant dans le vide) entre les haies. À chaque nœud est associé un poids « P » qui dépend du nombre de branches constituant l’intersection, c’est-à-dire du type de connexion. Cet indice permet de caractériser l’organisation spatiale des haies. Plus le maillage est composé d’intersections, plus il sera jugé structuré et intéressant d’un point de vue écologique, le maximum étant 100 %. À l’inverse, plus il sera composé d’extrémités libres, plus il sera jugé désorganisé, le minimum étant de 0 %.
Ces zones de connexions entre deux haies ou plus sont des sites qui peuvent présenter une richesse spécifique supérieure à celle trouvée dans les linéaires eux-mêmes (par exemple, on trouve en moyenne 3,7 espèces d’oiseaux de bord de haie dans ces zones de connexions contre seulement 2,2 espèces dans les zones de linéaire). La plupart des espèces composant les haies sont des espèces prairiales ou de bordure de forêt, et il semble qu’aucune espèce ne soit spécifique aux haies. Les haies larges composées d’arbres et de buissons semblent fonctionner comme des corridors pour la circulation de nombreuses plantes et animaux à travers un paysage. Des haies isolées les unes des autres offrent moins de possibilités aux espèces de se disséminer, alors que des haies ayant de nombreuses connexions entres elles favorisent ces mouvements.
Ainsi, à densité égale, les zones à forte cohérence ont potentiellement une plus forte richesse spécifique, et assurent également une meilleure circulation des espèces.
Selon le Dispositif de Suivi des Bocages (données 2009 – 2013), la cohérence des haies de Normandie est de 40 %. Cependant, comme pour la densité, il existe des différences entre les départements, particulièrement entre le nord-ouest et l’est de la région. En effet, la Manche remporte la palme du département le plus cohérent avec une cohérence de 48 %, tandis que l’Eure et la Seine-Maritime présentent des cohérences (respectivement 31 % et 28 %) nettement inférieures à la moyenne régionale (40 %). Les cohérences du Calvados (38 %) et de l’Orne (40 %) se rapprochent quant à elles de la moyenne régionale (40 %).
Les départements normands sont majoritairement similaires vis-à-vis de la composition de leur réseau de haies : 69 % d’extrémités libres, 16 % de haies en « L », 15 % de haies en « T », presque 0 % de haies en « X », et aucune haies ayant 5 intersections ou plus. Seule l’Eure se détache légèrement avec 79 % d’extrémités libres et seulement 6 % de haies en « L ».
Évolution de la cohérence des haies de Normandie entre 1972 et 2016
D’après les données de la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Normandie, la cohérence des haies en Normandie n’a cessé de chuter depuis 1972. Cette chute est très marquée dans les départements de la Manche, du Calvados et de l’Orne. Les données pour l’Eure et la Seine-Maritime n’existent que depuis respectivement 2005 et 2003, contre 1972 pour les trois autres départements normands. Cela ne permet pas d’avoir une vision aussi claire de l’historique des haies pour ces deux départements.
Zoom sur les parcs naturels régionaux
Les PNR sont des acteurs engagés dans la préservation des haies et communiquent notamment sur les espèces locales à y planter. Le Parc naturel régional du Perche par exemple œuvre, en collaboration avec les départements et les régions, et en adéquation avec les activités agricoles d’aujourd’hui, à la restauration du maillage bocager. À ce titre, plus de 200 kilomètres ont été plantés depuis 2001. L’édition d’un guide juridique pour les haies du Perche permet aussi de répondre aux questions qui se posent parfois quant à son entretien.
La cohérence moyenne dans les PNR de Normandie (41 %) est presque identique à la moyenne régionale (40 %) et un écart très important est observé entre la cohérence moyenne de l’ensemble des PNR de Normandie et celle du PNR des Marais du Cotentin et du Bessin (54 %). Seul le PNR des Marais du Cotentin et du Bessin a une cohérence supérieure à celle de la moyenne des quatre PNR de Normandie, les trois autres ayant une cohérence inférieure (respectivement 24 %, 34 % et 36 % pour les PNR des Boucles de la Seine normande, du Perche et Normandie-Maine). On notera cependant que nous n’avons ici pas pris en compte les intersections entre les haies et les massifs forestiers dans le calcul de l’indice de cohérence.
Pour en savoir plus, téléchargez la fiche complète de notre collection Indicateurs de Biodiversité Normandie consacrée à l’état du linéaire de haie en Normandie