Evolution de la Surface Toujours en Herbe (STH) dans la Surface Agricole Utile (SAU) en Normandie

Evolution de la Surface Toujours en Herbe (STH) dans la Surface Agricole Utile (SAU) en Normandie

La Surface toujours en herbe ou STH désigne, à l’échelle de l’Europe, toute surface en milieux herbacés ouverts semée depuis au moins 5 ans ou naturelle. Les prairies et autres milieux herbacés ouverts sont des habitats riches en biodiversité, accueillant une flore et une faune diversifiées : fleurs, insectes, faune du sol, etc. La bonne fonctionnalité de ces écosystèmes nécessite, outre leur bon état de conservation, des surfaces suffisamment étendues et connectées à l’échelle du paysage. Un des principaux enjeux est donc le maintien des grands espaces de prairies permanentes.

Ces surfaces ont de nombreux bénéfices tels que :

  • l’apport d’une alimentation de qualité aux animaux pâturants ;
  • le maintien d’une biodiversité faunistique et floristique ;
  • l’infiltration de l’eau permettant de lutter contre l’érosion et les inondations ;
  • l’amélioration de la qualité de l’eau ;
  • la réalisation d’économies agricoles en alimentation du cheptel ;
  • la lutte contre le changement climatique en participant à compenser les émissions de gaz à effet de serre car les prairies
    se révèlent être des « puits de carbone » ;
  • le maintien du patrimoine paysager normand mondialement connu.

Définitions

La Surface Agricole Utile (SAU) est un concept statistique destiné à évaluer le territoire consacré à la production agricole. La SAU est composée de terres arables (les grandes cultures, cultures maraîchères, prairies artificielles, jachères, etc.), superficies toujours en herbe et cultures pérennes (vignes, vergers, etc.).

Les Superficies Toujours en Herbe (STH) comprennent les prairies permanentes, ensemencées ou naturelles, de plus de 5 ans. Sont également comptabilisés les parcours, alpages, estives et landes. Elles sont composées de plantes fourragères herbacées vivaces telles que les graminées (comme le ray-grass et la fétuque) et les légumineuses (comme le lotier ou le trèfle).

Chiffres clés

  • 804 900 ha de superficie toujours en herbe (STH) en 2020 ;
  • 39 % de superficie toujours en herbe dans la surface agricole utile (SAU) en 2020 ;
  • La Normandie est la 6e région métropolitaine (sur 13) pour la proportion de superficie toujours en herbe dans la surface agricole utile et est au 2e rang pour la proportion de superficie toujours en herbe par rapport à la superficie totale de la région (27 %) en 2020 ;
  • Perte de 54 000 ha de superficie toujours en herbe et perte de 52 000 ha de surface agricole utile entre 2009 et 2019 en Normandie ;
  • Perte de 1,6 point de pourcentage de la proportion de STH dans la SAU entre 2009 (40,4 %) et 2019 (38,8 %) ;
  • La Normandie est la 3e région métropolitaine (sur 13) dont le taux d’évolution de la superficie toujours en herbe (-6,3 %) est le plus bas entre 2009 et 2019.

Répartition de la superficie toujours en herbe en Normandie en 2020

La répartition de la STH dans la SAU est hétérogène au niveau régional. Les plus hauts taux de STH dans la SAU se retrouvent dans le pays d’Auge et dans la Manche, qui sont des zones de polyculture-élevage.
Les plus faibles sont situés dans l’est de l’Eure et dans la plaine de Caen, qui sont des zones de grandes cultures.

En moyenne, la part de STH dans la SAU en Normandie en 2020 est de 39 %. Cette moyenne est tirée vers le haut par la Manche (54 %), le Calvados (45 %) et l’Orne (43 %).
À l’inverse, on retrouve les moyennes de Seine-Maritime (29 %) et de l’Eure (20 %) sous la moyenne régionale.

NB: si on rapporte la STH à la superficie communale, on observe que les zones de fortes STH sont globalement les mêmes que celles rapportée à la SAU, à l’exception des communes ayant une très faible SAU composée presque uniquement de STH, comme les villes de Caen et de Rouen, par exemple.

Évolution de la superficie toujours en Herbe en Normandie entre 2000 et 2020

La STH a diminué de 151 400 ha en 20 ans pour arriver à 804 900 ha de superficie toujours en herbe (dont 701 000 ha de STH des exploitations et 103 900 ha de STH hors exploitations (collectifs et hors champs) en 2020.
On remarque un « creux » dans la STH entre 2010 et 2017 dû à une modification du règlement de la PAC (Politique Agricole Commune) en 2010, obligeant au maintien des surfaces en herbe permanentes à hauteur de 100 % de la surface de référence (2010). Ainsi, lors du recensement agricole de 2010, la surface des prairies déclarées « permanentes » a diminué par rapport à 2009 et ont de nouveau augmenté à partir de 2017. Pour limiter ce biais déclaratif, le comparatif sera réalisé entre 2009 et 2019.

Ainsi, entre 2009 et 2019, la Normandie a perdu 54 000 ha de STH, soit un taux d’évolution négatif de -6,3 %. Cependant, le territoire métropolitain a un taux d’évolution légèrement négatif de -0,4 % de sa STH. Ce qui place la Normandie à la 3e place des 13 régions métropolitaines qui ont perdu le plus de STH entre 2009 et 2019, alors que la Normandie est, en 2020, la deuxième région métropolitaine (après la Corse) ayant la plus haute STH rapportée à la superficie régionale (27 %).

En 20 ans (2000 / 2020), la part de la STH dans la SAU est passée de 44% à 39 % en Normandie, tandis que la proportion c’est maintenue, sur cette même période, à 34 % à l’échelle de la métropole.

Entre 2009 et 2019, la part de STH dans la SAU a diminué de 1,6 point de pourcentage en Normandie alors qu’elle a augmenté de 0,3 point de pourcentage en France métropolitaine. L’évolution est également négative pour tous les départements normands excepté la Manche, qui gagne 1,5 point de pourcentage de STH dans sa SAU. Parallèlement, la Seine-Maritime en perd 3,4, l’Orne 2,8, le Calvados 2 et l’Eure 1,1.

Superficie toujours en herbe en Normandie comparée aux autres régions métropolitaines

Le couple herbe/vache est un marqueur de l’identité normande, ainsi que le bleu de la Manche. Photo : Alexandre Dudouble.

La Normandie se place au 6e rang (sur 13) des régions ayant le plus de STH dans la SAU (39 %), ce qui la place au-dessus de la moyenne métropolitaine (34 %).
En considérant la surface de prairie non plus par rapport à la SAU, mais par rapport à la surface régionale, la Normandie est la 2e région métropolitaine ayant la proportion de STH par rapport à la superficie régionale (27 %) la plus élevée parmi les 13 régions métropolitaines du fait de l’importante SAU présente en Normandie (la Normandie est la 2e région ayant le plus de territoires agricoles selon CORINE Land Cover) : le milieu prairial est donc un atout phare de la région.

Ce qu’il faut retenir

La Normandie compte 804 900 ha de superficie toujours en herbe (STH) dans la surface agricole utile (SAU) en 2020, soit 39 % de la surface agricole utile, avec plus précisément :

  • 54 % pour la Manche ;
  • 45 % pour la Calvados ;
  • 43 % pour l’Orne ;
  • 29 % pour la Seine-Maritime ;
  • 20 % pour l’Eure.

La fiche VI de la PAC 2010 impose le maintien des STH par rapport à l’année de référence 2010. Par conséquent, certaines prairies permanentes ont été reclassées en prairies temporaires entre 2009 et 2010, et ce afin d’en cultiver jusqu’à 50 % de la surface déclarée. La situation déclarative est cependant revenue à la normale en 2018.

Entre 2009 et 2019, la Normandie a perdu 54 000 ha de STH et 52 000 ha de sa SAU. D’après l’OSCOM, la quasi-totalité de la SAU perdue l’est par les prairies et autres sols agricoles (hors terres arables). La Normandie a perdu 1,6 point de pourcentage de sa STH dans la SAU entre 2009 (40,4 %) et 2019 (38,8 %). Par rapport au niveau métropolitain, la Normandie se classe au 6e rang des 13 régions métropolitaines ayant le plus de superficie toujours en herbe dans la surface agricole utile en 2020, mais également au 2e rang des régions ayant la plus forte proportion de STH par rapport à la superficie totale de la région (27 %).

Malgré ce fort potentiel, la Normandie est au 3e rang des régions dont le taux d’évolution de la superficie toujours en herbe (-6,3 %) est le plus bas entre 2009 et 2019. L’enjeu prairie est donc pour la Normandie un atout primordial qu’il convient de préserver.

Pour en savoir plus, téléchargez la fiche complète de notre collection l’état des lieux des connaissances naturalistes régionales « Evolution de la STH dans la SAU »

Pour plus d’informations

Iuna Thomas
Iuna Thomas
Chargée de mission scientifique – Analyse et traitement de données
02 35 15 78 19