État et évolution de la densité des haies en Normandie

État et évolution de la densité des haies en Normandie

Une haie est un linéaire de végétation constitué d’arbres, d’arbustes, de ronces, de branchages, servant à délimiter un
champ, un jardin, etc. La haie joue un rôle fondamental en matière de régulation du climat (brise vent, îlot de fraicheur, baisse de l’évaporation, ombrage…), de régulation hydraulique (maîtrise du ruissellement, rôle épuratoire, régulation des crues, maintien des berges…), de conservation des sols (limite l’érosion et le lessivage des sols, abris pour les auxiliaires de culture…) et d’atténuation du changement climatique (stockage de carbone, production de biomasse…). Elle abrite également une faune diverse. Certaines haies sont de véritables écosystèmes. La structure, la composition et l’âge de la haie sont les principales caractéristiques pour leur fonctionnalité écologique. Les haies, avec ou sans talus, sont l’élément délimitant du bocage, qui est un paysage agricole composé d’une mosaïque de prairies et de cultures de tailles et formes variables. Ces haies sont souvent associées à des bois et des réseaux de mares au sein du bocage.

Chiffres clés en Normandie :

  • Linéaire de haies : 170 900 km
  • Densité : 57 mètres de haies par hectare contre 28 mètres par hectare en France métropolitaine
  • La Normandie est la 3e région de France métropolitaine ayant la plus forte densité de haies
  • La Manche est le 1er département métropolitain avec une densité de haies de 103 mètres par hectare

Indice de densité des haies en Normandie et en France

L’indice de densité des haies est la somme de la longueur totale des haies d’un territoire considéré, divisé par la surface de
ce territoire. La densité s’exprime en mètres par hectare. Cet indice permet de comparer deux territoires de superficies
différentes, il est complémentaire de l’indice de cohérence. La Normandie est la troisième région bocagère de France. Les enjeux de préservation, de restauration et de recomposition sont donc particulièrement forts.

Les haies constituent un élément du paysage plus marqué dans l’ouest de la région. Cette répartition est intimement liée à l’activité agricole et à l’histoire de la Normandie. L’apogée des haies, au XIXe siècle et à la première moitié du XXe siècle, est liée au développement des prairies temporaires et des prairies permanentes et donc de l’élevage bovin laitier. Cependant, certains secteurs n’ont jamais été embocagés et ont donc de faibles densités (plaine de Caen, plateaux Est de l’Eure).

Selon le Dispositif de Suivi des Bocages (données 2009 – 2013), la densité de haies en Normandie est de 57 mètres par
hectare.
Cependant, il existe des différences entre les départements, particulièrement entre le nord-ouest et l’est de la
région.

Sur la période 2004-2015 pour l’ensemble de la France métropolitaine, et 2009-2013 pour la Normandie, la densité des haies normandes (57 m/ha) se trouve bien au-dessus de la moyenne nationale (28 m/ha). Cependant, la Normandie est surclassée par la Bretagne (1ère) et les Pays de la Loire (2e), avec respectivement des densités de 64 m/ha et 61 m/ha.

Densité des haies par département en Normandie

La Manche reste de loin le département normand le plus dense en haies avec une densité de 103 m/ha, tandis que l’Eure et la Seine-Maritime présentent des densités (respectivement 20 et 27 m/ha) nettement inférieures aux moyennes régionale (57 m/h) et nationale (28 m/ha). Les densités de l’Orne (67 m/ha) et du Calvados (69 m/ha) se rapprochent quant à elles de la moyenne régionale (57 m/h).

Parmi les 96 départements métropolitains, la Manche est le département français ayant la plus forte densité de haies. Le Calvados se place 6e, l’Orne 7e, la Seine Maritime 34e et l’Eure 47e.

Évolution de la densité des haies en Normandie entre 1972 et 2016

Dans les années 1970 à 2000, les grands remembrements de parcelles agricoles impulsés par la PAC en 1980 ont achevé de détruire une grande partie du réseau bocager. Ces remembrements avaient pour but de rendre les parcelles plus vastes par regroupement de parcelles contiguës afin de faciliter l’agriculture mécanisée. Ainsi, la maille bocagère s’éclaircit progressivement à mesure que les exploitations agricoles disparaissent et que d’autres s’agrandissent. Ce phénomène entraîne la disparition de la faune et de la flore typique du milieu bocager et favorise la prolifération d’espèces dites «nuisibles» adaptées aux champs ouverts. S’ajoutent à cette perte de biodiversité les effets de l’épidémie de graphiose de l’orme qui a tué presque tous les grands ormes de France, autrefois très présents dans les haies. Cette dégradation de la biodiversité entraine également une diminution des services rendus par les haies notamment de continuités écologiques. Une haie replantée ne retrouvera les fonctionnalités écologiques d’une haie ancienne qu’au bout de vingt ans dans le meilleur des cas. Cela dépend de la nature de la haie replantée par rapport à la haie d’origine (essences utilisées, nombre de strates, talus ou pas…).
Dans les années 2000 à 2010, la vitesse et l’ampleur de la régression des haies ont diminué, mais le recul s’est poursuivi, et ceci malgré les opérations de restauration des haies.

On ne dispose des données pour l’Eure et la Seine-Maritime que depuis respectivement 2005 et 2003, contre 1972 pour les trois autres départements normands. Cela ne permet pas d’avoir une vision aussi claire de l’historique des haies de l’Eure et de Seine-Maritime que de celui des trois autres départements normands.

D’après les données de la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Normandie, la densité des haies en Normandie n’a cessé de chuter depuis 1972. Cette chute est très marquée dans les départements de la Manche, du Calvados et de l’Orne.
Entre 1972 et 2015, selon la droite de régression, la densité des haies de
la Manche est celle qui a le plus diminué et correspond à une perte de 1208 km de haies par an (soit la distance Rouen-Rome à vol d’oiseau). De la même façon, la densité des haies de l’Orne accuse une perte de 829 km par an entre 1972 et 2016 (Caen-Toulon à vol d’oiseau) et une perte de 654 km par an dans le Calvados entre 1972 et 2016 (Rouen-Toulouse à vol d’oiseau). Toujours d’après la droite de régression, la Seine-Maritime subit une diminution correspondant à la perte de 73 km de haies par an entre 2003 et 2015 et le département de l’Eure une perte de 70 km de haies par an entre 2005 et 2015 (soit la distance Rouen-Le Havre à vol d’oiseau).

Une haie de saules têtards dans la vallée de Seine

Zoom sur les parcs naturels régionaux

Les PNR sont des acteurs engagés dans la préservation des haies et communiquent notamment sur les espèces locales à y
planter. Le Parc naturel régional du Perche par exemple œuvre, en collaboration avec les départements et les régions, et en adéquation avec les activités agricoles d’aujourd’hui, à la restauration du maillage bocager. À ce titre, plus de 200 kilomètres ont été plantés depuis 2001. L’édition d’un guide juridique pour les haies du Perche permet aussi de répondre aux questions qui se posent parfois quant à son entretien.

La densité des haies sur les territoires des parcs reflète peu ou prou celle constatée à l’échelle de la Normandie. En effet, on rencontre la densité la plus élevée sur le territoire du Parc Naturel Régional du Marais du Cotentin et du Bessin (104 m/ha), essentiellement localisé dans la Manche, alors qu’elle est la plus faible sur le Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine normande (25 m/ha), localisé en Seine-Maritime et dans l’Eure.
Les PNR des Marais du Cotentin et du Bessin et Normandie-Maine ont des densités de haies (respectivement 104 m/ha et 67 m/ha) supérieures à celle de la moyenne des PNR tandis que les PNR des Boucles de la Seine normande et du Perche ont des densités de haies (respectivement 25 m/ha et 44 m/ha) inférieures.

Tandis que la moyenne de la densité des haies en Normandie s’établit à 57 m/ha, la densité de haies moyenne sur les territoires des quatre parcs naturels régionaux s’avère supérieure avec 63 m/ha.

Pour en savoir plus, téléchargez la fiche complète de notre collection Indicateurs de Biodiversité Normandie consacrée à l’évolution du linéaire de haie en Normandie

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Iuna Thomas
Iuna Thomas
Chargée de mission scientifique – Analyse et traitement de données
02 35 15 78 19